Jean-Baptiste ALLAIN-DUPRÉ

Un divertissement héroïque méconnu

APPOLLON et CYRÈNE de Jean-Baptiste ALLAIN-DUPRÉ


Livret Appollon et Cyrène

Ouverture. Allegro assai

Acte I

Scène I : Appollon, sous la figure d'un prince libyen

N°1 A-Ô nuit, ton silence enchanteur est l'image d'un cœur tranquille, mais hélas qu'il est difficile qu'un amant malheureux en goûte la douceur. Etends tes voiles les plus sombres et cache mon funeste amour : tu vois le dieu même du jour, cherche le secours de tes ombres.

Récit

A-Pour une mortelle adorable je quitte l'éternel séjour : mais du plus grand des dieux le sceptre redoutable vaut-il les myrtes de l'amour ? Ah! Sous cette forme étrangère, si je peux vaincre la fierté de la beauté qui m'a su plaire ; mon bonheur me rendra plus chère mon immortalité.

N°2 Fanfare

Récit et andante mesuré

A-Sans doute qu'en ce bois Cyrène va se rendre pour y rassembler ses chasseurs. Amour ne pourra-t-elle apprendre à connaître enfin tes douceurs.

Scène II, Cyrène, troupe de nymphes et de chasseurs

N° 3, Chœur

-Déjà le cor nous appelle, hâtons-nous, préparons nos traits, livrons une guerre mortelle aux monstres de ces forêts.

allegretto

C- Ô vous mes compagnons fidèles qui partagez ma gloire et mes travaux ; Que j'aime à voir vos cœurs ennemis du repos pour cueillir des palmes nouvelles, rechercher des périls nouveaux. on reprend le chœur précédent

récit

C-Ce lion redoutable est tombé dans nos rets, allez disposer les relais : Profitons du beau jour que nous promet l'aurore.

(les nymphes et chasseurs sortent)

Scène III

N° 4 Cyrène seule

Puissante déité qu'en ces lieux on adore, Diane c'est vous, oui c'est vous que j'implore. Ô Diane, Ô Diane entendez ma voix.

Ainsi que vous j'aime les bois, faites qu'ainsi que vous j'ignore comme on suit d'amoureuses lois.

Si dans ce jour Cyrène est triomphante, si sous nos coups le monstre est réduit aux abois. Sur votre autel sa dépouille sanglante consacrera tout à la fois et notre hommage et vos exploits.

Scène IV

N°5 Duo

C-Ne cesserez vous point une poursuite vaine !

A-Ne cesserez vous point hélas d'être inhumaine

C-je crains trop les amours pour m'en laisser charmer

A-J'ai trop vu vos beaux yeux pour ne vous point aimer

C-Ah quelle cruelle gêne

A-Ah quelle effroyable peine,

C-Non, ne vous flattez pas de pouvoir m'engager

A-Non, non, ne croyez pas que je puisse changer, vous craignez, je le vois, qu'une flamme nouvelle ne me rende bientôt inconstant et léger.

C-Non, seigneur, je vous crois fidèle ; mais mon cœur ne veut point encourir le danger.

A-Ah ! S’il soupçonnait mon hommage votre cœur ferait tort à vos yeux.

C-S'il devenait sensible à vos feux, il m'en ferait bien davantage.

N°6 allegretto

A-Les sons brillants de Philomèle, le ramage des oiseaux, la plainte de la tourterelle, le murmure des ruisseaux, tout inspire l'amour, tout s'anime et tout aime.

récit

A-Vous voyez que leur pouvoir même n'en défend pas les dieux.

C-je ne vois dans les dieux que leur bonté suprême, et je ne porte vers les cieux qu'une reconnaissance extrême, et des regards respectueux.

N°7 andante gracioso

A-Entre ces dieux que votre zèle encense il en est un dont tout subit les lois. D'un vain respect l'amour dispense; quand sur le cœur on a des droits, tout autre hommage est une offense

N°8 Duo

A -Si l'amour sous ses lois avait mis votre cœur, une si brillante victoire assurerait votre bonheur et mettrait le comble à sa gloire

C -Si l'amour à ses lois avait soumis mon cœur, hélas une telle victoire nuirait beaucoup à mon bonheur et ne ferait rien à sa gloire

récit

A-Quand on ne peut vivre heureux c'est un supplice de vivre.

C-Il faut pour triompher d'un destin rigoureux que l'absence vous en délivre

(elle sort)

Scène V

A(seul)-Ah Cyrène arrêtez et daignez voir du moins les maux que vous causez... elle fuit la cruelle : et mon cœur semble, hélas, s'envoler avec elle

Scène VI

A-Demande leur, ami, tes yeux seront témoins

CH-Seigneur vous vous devez à de plus dignes soins : faut-il pour vaincre une nymphe rebelle, abandonner le soin de vos autels : vous de qui la puissance est partout révérée et qui devez du haut de l’empyrée recevoir les vœux des mortels.

A-Les vœux assidus dont la terre fatigue incessamment les cieux sont souvent trop ambitieux pour être dignes de leur plaire ; l'homme injuste et téméraire loin de remettre à ses dieux le soin de le rendre heureux vient leur prescrire encore les biens qu'ils doivent faire.

Récit

A-Une jeune et simple bergère les importune moins et leur plaît beaucoup mieux. Cyrène offre aux dieux que sa seule innocence quel encens est plus digne d'eux !

CH-Cependant elle les offense par son invincible rigueur

A-Ses yeux font oublier le crime de son cœur

CH-mais si ce cœur est insensible, si rien ne saurait l'enflammer

A-Du moins aucun rival ne pourra m'alarmer mais non cette haine inflexible ne peut être le prix d'un si parfait amour elle ignore jusqu'à ce jour dans quel rang glorieux le destin m'a fait naître

CH-Eh bien! que tardez vous à vous faire connaître !

N°9 Romance

Ch-L'amant qui peut parler en maître voit bientôt couronner ses feux, moins il sait devenir heureux et moins il mérite de l'être.

N°10 duo

A-L'amant qui peut parler en maître n'inspire que de faibles feux, plus il croit devoir être heureux et moins il mérite de l'être

CH-L'amant qui peut parler en maître fait bientôt écouter ses feux, moins il sait devenir heureux et moins il mérite de l'être.

Récit

A-Oui je veux que mes soins désarment sa rigueur sans qu'il en coûte à ma délicatesse

je veux devoir tout mon bonheur à ma seule tendresse, et rien à ma grandeur.

 

 

N° 11 Chiron

Ce n'est pas toujours notre ardeur qui triomphe d'une maîtresse, souvent une amoureuse adresse avance plus notre bonheur que n'aurait fait notre tendresse

L'aimable objet qui nous sait ?

 

 

 

engager nous tient compte de l'artifice et l'amour devenant propice n’attends plus qu'un heureux caprice pour sonner l'heure du berger.

 

N°12 chœur de chasseurs qu'on ne voit pas

(Ce chœur doit s'exécuter en diminuant toujours les sons, jusqu'à ce qu'on les entende à peine, on le dit plusieurs fois)

Suivons ses pas hâtons-nous, hâtons-nous, que sous nos coups sa rage cède

Scène VII

Récit

M-Au secours au secours, a l'aide je suis mort

A-Quelle est la peur qui te possède ?

M-Au secours

CH-Apprends nous

M-A l'aide

A-Mais qui donc es-tu ?

M-je suis mort

CH-Pour quel sujet peux-tu crier si fort

M-D'un combat effroyable

CH-On s'est battu ?

M-Sans doute

CH-Eh qui

M-Ce n'est pas moi

CH-je le vois bien

A-Rassure toi, parle

M-Cette voix favorable vient tout à coup de bannir mon effroi. Il semble qu'un dieu secourable par votre bouche est passé dans mon cœur ; cependant malgré mon courage ; sans vous, j'allais mourir de peur

N°13 Moyse

Dans le plus épais du bocage je dormais fort tranquillement quand un corneur impitoyable du bruit d'une trompe effroyable m'a réveillé fort brusquement

Tandis que contre sa musique enragé (?)

 

je pestais tout bas, j'ai vu tout à coup sur mes pas venir un lion famélique qui semblait me vouloir excroquer un repas. A cet aspect plus froid que marbre j'essaye à grimper sur un arbre mais la peur m’en empêche et mon cœur éperdu

Bref il m'allait croquer quand Cyrène apparut, et pendant que sur elle il détourne sa rage j'ai rappelé tout mon courage et suis promptement accouru. Ah le voici grands dieux et ma peur recommence fuyons

A(vivement)-Dieux ! Qu’est ce que je vois ?

Scène VIII : Appollon, Cyrène,

C- Ô Diane entendez ma voix : mon carquois épuisé me laisse sans défense quel Dieu pourra me secourir

A-L'amour

N°14 Combat

Scène IX : Appollon, Cyrène

A-Ce lion terrassé manquait à votre gloire, votre bras et vos yeux sont sûrs de leur victoire

C-Non Seigneur je sais trop que je vous dois le jour et ma juste reconnaissance murmure de son impuissance à s'acquitter de ce bienfait

A-En vous arrachant à sa rage belle Cyrène je n’ai fait que ravir à votre courage l'honneur de triompher d'un monstre odieux : et loin d'en tirer avantage j'en suis peut-être encore plus coupable à vos yeux

C-Non quoique vous disiez, je ne suis point ingrate j'aime à le répéter ; un tel secours me flatte. (à demi-voix) Peut-être même il me serait moins doux, de le devoir à tout autre qu'à vous

A-je ne vous parle plus d'une flamme importune, je sais trop respecter vos lois et lorsque je vous vois pour la dernière fois je vous accuse hélas bien moins que de fortune

C (émue)-Pour la dernière fois

A-Du destin rigoureux telle est la loi sévère. En perdant l'espoir de vous plaire mon sort déjà n'était que trop affreux, il y manquait encor pour combler ma misère de voir un rival plus heureux

C- et quel est ce rival dont votre âme s'atterre ! Que même je ne connais pas

A-Le dieu qui répand la lumière impunément n'a point vu vos appâts

C-Appollon

A-je me rends justice ; Un mortel n'était pas fait pour vous enflammer mais si le dieu se fait aimer il faut que le mortel périsse.

C-je sais qu'un tel rival peut bien vous alarmer mais conservez vos jours il y va de ma vie.

A (avec une émotion qu'il dissimule)-Qu'entends-je ? O sort digne d'envie mon cœur suffit à peine à sentir son bonheur (à part) mais renfermons le trouble de mon âme, feignons encore, et voyons si ma flamme peut triompher de ma grandeur.

 

Scène Xème : Appollon, Cyrène, chasseurs, faunes et nymphes

N°15 bruit de chasse

N°16 un chasseur- Cyrène est triomphante des monstres les plus furieux. Que sa gloire éclatante, que son nom volent jusqu'aux cieux ; Tous les cœurs lui rendent hommage tout cède à l'effort de son bras, non rien n'égale son courage, non rien n'égale ses appâts.

chœur (même paroles) puis andante instrumental

 

 

 

Acte II

Scène Ière :

N°17 Orage, chœur de faunes, nymphes, chasseurs, allegro assai

-Ciel, quelle nuit effroyable, du haut des airs la foudre redoutable annonce le courroux des dieux

Invocation

-Dieux tout puissants calmez l'orage, l'univers périt sous les feux et l'univers est votre ouvrage (L'orage cesse par degrés, l'air parait encore un peu agité, la terre tremble encore)

Scène II : acteurs précédents, Oracle

O-Appollon rétablit le calme en ces lieux. Mortels suspendez vos tristes plaintes mais vous verrez renaître vos craintes si Cyrène en ce jour n'est sensible à ses voeux

C-(à demi voix)-Quel oracle grands dieux (L'air devient tout à fait calme)

(toutes les nymphes et tous les faunes engagent Cyrène à dissiper leurs alarmes)

Scène III : Apollon, Cyrène, suite.

Chœur N°18, allegretto,

une nymphe-Le dieu qui nous éclaire est le plus aimable des dieux ; sa brillante lumière embellit la terre et les cieux.

Pour lui la jeune aurore sort des bras de son vieil amant et la constante flore quitte le zéphyr inconstant

N°19 Andante pastorelle,

une nymphe-Tous les ans l'on voit nos champs se parer de verdure, à son tour l'amour anime la nature, le doux champs des oiseaux, des eaux le murmure agréable, des amants flattent les tourments, mais rien n'y ( première fois ne) paraîtrait aimable sans le secours du dieu qui donne les beaux jours

N°20 allegretto,

une nymphe-Dans le bel âge le plaisir vole sur nos pas Est-ce être sage de renoncer à ses appâts ? un cœur sauvage tôt ou tard n'y résiste pas mais on ne revient plus hélas dans le bel âge

N°21 Duo, lento amoroso,

lère nymphe-Le doux printemps réveille la nature ; il ramène avec lui les plaisirs et l'amour

2ème nymphe-nos vergers tous les ans se parent de verdure mais la saison d'aimer s'envole sans retour.

 

N°22 poco allegro,

une nymphe-Qu'il est doux d'aimer on ne peut trop tôt se rendre au plaisir de s'enflammer Qu'il est doux d'aimer, un cœur tendre risque plus à s'en défendre qu'à se laisser charmer

Chœur n° 18 da capo

N°23 Ballets majeur et mineur

N°24 Minuetto et trio

N°25 Gavotte I et II

N°26 Largo

N°27 Rondeau, allegro molto

Scène IV :

Appollon -Le plus brillant des dieux devient votre conquête

Cyrène-Hélas

A-Déjà votre bonheur s'apprête. J'en mourrai... Mais la mort a pour moi des appâts.

N°28 largo

A-Ah ! Qu’il est doux de s'offrir au trépas, quand on peut par son trépas même rendre heureux ce qu'on aime.

C-Rendre heureux ce qu'on aime... Ah ! Pensez-vous seigneur qu'aux dépens de vos jours, j'accepte un tel bonheur oui je vous ouvre enfin mon âme tout entière, cette rivalité m'éclaire sur tous les secrets de mon cœur. Je révère des dieux la suprême grandeur, c'est par la seulement qu'il aspire à leur plaire mais il s'en tient à son premier vainqueur et d'Appollon il ne chérit l'ardeur que par l'espoir de vous en faire un sacrifice plus flatteur

A (avec transport)-C'en est trop connaissez mon crime et votre erreur, oui ! J’ai pu vous tromper adorable Cyrène ! Votre rigueur faisait ma peine elle va faire mon bonheur. (après un court silence) vous voyez à vos pieds le Dieu du jour lui-même

C -Qu'entends-je ?

A-Pardonnez à ma tendresse extrême, déployez, j'y consens, toute votre rigueur, mais daignez voir.

C- Ah ! Je vois ce que j'aime.

N°29 Duo

A et C- L'amour nous a blessés du plus beau de ses traits aimons nous aimons nous d'une ardeur éternelle –

Où pourrions nous trouver jamais, vous un cœur plus fidèle et moi de plus charmants attraits.

A (à sa suite)- Ô vous que le destin enchaîne sur mes traces, venez, accourez, à ma voix : Amenez en ces lieux les amours et les grâces, que tout célèbre ici mon amour et mon choix.

 

 

Scène V

N°30 Chœur

-À l'amour tout rend les armes tous les cœurs s'en laissent charmer ; mais qui n'a point vu vos charmes ignore ce que c'est qu'aimer

N°31 Duo allegro

A-De fleurs couronnons couronnons votre tête : l'amour règne en nos cœurs, ce dieu va nous unir

C-Ah quand mon cœur semble courir au devant des douceurs que ce dieu nous apprête mes faibles yeux ne peuvent soutenir l'éclat de leur conquête

A- Charmé de ma victoire le bonheur de vous plaire est mon plus cher désir et de toute ma gloire je ne retiens que le plaisir

N°32 Ariette

C-J'ai trop longtemps méconnu ta puissance ; Triomphe, achève ton amour, triomphe, venge-toi de ma résistance.

C'est par mes feux, par ma constance que je te promets en ce jour d'expier mon indifférence

A-plaire au digne objet qui captive mes vœux, je borne pour jamais mon triomphe et ma gloire, et mon cœur sans regret cède enfin la victoire aux efforts réunis des plus charmants des dieux.

Grand chœur -Tout doit céder à ta puissance, et la terre et l'air et les cieux, triomphe tendre amour, des mortels et des dieux

C'est par les biens que ta main nous dispense, que tu te venges sur nos cœurs des tourments de l'indifférence et des caprices des rigueurs

N°33 Second ballet

N°34 lento

N°35 Contredanse

N°36 Siciliennes l et 2

N°37 Allemandes 1 et 2

N°38 Chaconne

Conclusion de l’ariette N° 32

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